L’histoire conceptuelle à l’ECPR 2016, un rapide bilan
Le congrès de l’European Consortium for Political Research 2016 touche à sa fin. C’est l’occasion de faire un petit point, non pas sur toute la conférence, mais sur une section en particulier, celle organisée par le Standing Group (SG) « Political Concepts », et qui était intitulée cette année « Contested Concepts and their Trajectories » (organisatrices : Anthoula Malkopoulou et Annelien De Dijn).
Le SG a été créé en 2014 par Claudia Wiesner et Kari Palonen et compte actuellement 178 membres. C’est la troisième fois que le SG organise une section. Au Congrès 2014 c’était « Key Concepts in Political Science: Fields, Issues and Arenas of their Change » (organisateurs/trices : Claudia Wiesner et Kari Palonen) ; en 2015 « Concepts in Political Science: From Local to Global » (organisatrices : Claudia Wiesner, Taru Haapala, Anthoula Malkopoulou). Bien que l’on puisse trouver ici ou là un papier qui relève de cette discipline dans d’autres sections, c’est à chaque fois dans les panels de cette section qu’ont été regroupées les interventions en histoire conceptuelle.
Première remarque : la popularité de l’histoire conceptuelle à l’ECPR va croissante. En 2014 il y avait 26 papiers sur 6 panels, en 2015 41 papiers sur 11 panels, en 2016, 62 sur 13 panels – pour une centaine de propositions faites aux organisatrices. Cela ne signifie pas pour autant nécessairement une montée en puissance de l’histoire conceptuelle dans la discipline, beaucoup d’autres facteurs pouvant jouer, notamment le très peu d’espaces en Europe (à part le réseau Concepta) où les historien-ne-s conceptuel-le-s peuvent échanger.
Deuxième remarque : la stabilité pour le moment de l’ancrage de l’histoire conceptuelle dans les réseaux d’Europe du Nord et d’Allemagne. Kari Palonen constitue de ce point de vue la référence incontestable, et ses collaborateurs/trices et ancien-ne-s doctorant-e-s font une grande partie du travail d’animation des réseaux européens d’histoire conceptuelle, en tout cas en science politique. Il y a aussi une forte présence allemande, sûrement du fait de l’importance de la Begriffsgeschichte de Reinhart Koselleck.
Troisième remarque : si l’animation du réseau est principalement localisée en Europe du Nord et en Allemagne (parmi les chairs/discutant-e-s des panels, on a 8 Allemand-e-s, 6 Suédois-e-s, 5 Finlandais-es, 6 sur 5 autres nationalités), il n’en va pas entièrement de même pour les participant-e-s. Ainsi, si c’est bien les Allemand-e-s les plus nombreux/ses auteur-e-s de papiers, avec 13 mentions, on trouve 11 Anglais-es, 8 Suédois-es, 5 Français-es, 4 Finlandais-es, 4 Italien-ne-s, 4 Suisses, 4 Hollandais-es, 15 autres sur 10 nationalités. Evidemment ces résultats sont à prendre avec des pincettes, car ils reposent sur l’institution déclarée (éliminant donc la question de la mobilité, du multi-ancrage, d’exceptions comme l’IUE de Florence…), et que les auteur-e-s et organisateurs/trices ont été compté-e-s à chaque mention, ce qui peut donner aux pays de quelques individus centraux un poids légèrement surdimensionné. Toujours est-il que la situation des personnes travaillant au Royaume-Uni, présentes dans les papiers mais pas dans l’organisation, est intéressante et mériterait une analyse plus poussée.
Pour poursuivre, il faudrait étudier le statut des personnes concernées, car il semble à première vue y avoir parmi les organisateurs/trices une sur-représentation des chercheur-e-s en post-doctorat. On pourrait aussi regarder les concepts les plus travaillés, peut-être les auteur-e-s les plus cité-e-s (mais il faudrait pour cela un accès aux papiers), comparer à la fois les thèmes et les caractéristiques des participant-e-s avec d’autres sous-disciplines proches comme la théorie politique et l’histoire des idées, comparer avec d’autres congrès internationaux…. Quoiqu’il en soit, l’histoire conceptuelle semble, de congrès en congrès, prendre une certaine importance dans l’ECPR, ce dont je me réjouis vivement.